
La rentabilité à long terme de votre flotte de VÉ ne dépend pas des économies d’entretien promises, mais de votre capacité à anticiper et maîtriser les risques spécifiques à l’écosystème québécois post-garantie.
- La gestion du cycle de vie des batteries (seconde vie, reconditionnement) est un levier financier majeur, pas seulement une contrainte écologique.
- La conformité CNESST et la formation interne sont des investissements non négociables pour garantir l’autonomie opérationnelle et éviter les accidents graves.
- Une stratégie proactive contre la corrosion hivernale et la planification des mises à jour logicielles (OTA) sont cruciales pour maintenir la disponibilité de vos véhicules.
Recommandation : Cessez de subir la maintenance et pilotez-la en adoptant une approche préventive centrée sur la valeur résiduelle des batteries, la compétence interne et la gestion des risques opérationnels propres au Québec.
En tant que gestionnaire de flotte, vous avez franchi le pas de l’électrification, attiré par la promesse de coûts d’exploitation réduits et d’un avenir plus vert. Les vidanges d’huile et les changements de bougies sont derrière vous. Pourtant, une question silencieuse mais grandissante occupe votre esprit : que se passera-t-il lorsque la garantie du manufacturier expirera ? Les discussions habituelles se concentrent sur les économies de carburant, mais ignorent souvent les nouveaux défis qui émergent : la dégradation de la batterie, la complexité des diagnostics électroniques, la sécurité des techniciens face à la haute tension et l’impact redoutable de nos hivers québécois.
L’erreur serait de penser que la maintenance d’un VÉ se résume à une version simplifiée de celle d’un véhicule thermique. En réalité, c’est un changement de paradigme complet. La véritable clé de la rentabilité à long terme ne réside pas dans les économies initiales, mais dans une gestion proactive et stratégique des risques post-garantie. Il ne s’agit plus seulement de réparer, mais d’anticiper le cycle de vie de chaque composant, de la batterie aux logiciels embarqués, pour maintenir une autonomie opérationnelle maximale et maîtriser le coût total de possession (TCO).
Cet article n’est pas un guide de plus sur les avantages des VÉ. C’est une feuille de route de directeur technique, conçue pour vous, gestionnaire de flotte au Québec. Nous allons déconstruire les principaux postes de coûts cachés après la garantie et vous donner les stratégies concrètes pour transformer ces risques potentiels en avantages compétitifs durables.
Pour vous guider à travers ces enjeux critiques, nous avons structuré cet article en plusieurs points clés. Vous y découvrirez comment transformer vos batteries en fin de vie en actifs, sécuriser votre atelier, déjouer les pièges des mises à jour logicielles et bien plus encore.
Sommaire : Maîtriser les coûts de votre flotte VÉ post-garantie au Québec
- Pourquoi une batterie à 80% de SOH peut-elle encore servir 5 ans dans une application différente ?
- Comment certifier votre atelier interne pour toucher aux composantes oranges sans danger de mort ?
- L’erreur de ne pas planifier les « updates » OTA (Over-the-Air) qui immobilise vos véhicules le matin
- Pièces d’origine ou « aftermarket » : quelle stratégie pour les VÉ hors garantie ?
- Quand laver le dessous de vos VÉ pour protéger les connecteurs contre le calcium et la corrosion ?
- Pourquoi un camion électrique 2x plus cher à l’achat est-il moins coûteux après 7 ans ?
- Quand former vos chauffeurs à l’écoconduite pour réduire la facture de carburant de 10% ?
- Électrification des transports : comment rentabiliser votre flotte commerciale au Québec en 5 ans ?
Pourquoi une batterie à 80% de SOH peut-elle encore servir 5 ans dans une application différente ?
La fin de la garantie coïncide souvent avec une baisse progressive de l’état de santé de la batterie (SOH – State of Health). Lorsqu’une batterie atteint environ 80% de sa capacité initiale, elle n’est plus jugée optimale pour une application véhiculaire exigeante. Cependant, la considérer comme un déchet est une erreur stratégique et financière majeure. Cette batterie conserve une valeur considérable et peut entamer une « seconde vie » très rentable.
Une batterie avec 80% de SOH est parfaitement apte à servir dans des applications de stockage d’énergie stationnaire. Pensez-y : elle peut alimenter des bornes de recharge, lisser les pics de demande énergétique de votre dépôt ou même être réinjectée dans le réseau. Des données de l’industrie canadienne montrent qu’une batterie peut conserver plus de 80% de sa capacité résiduelle après 12 à 15 ans d’utilisation, lui offrant potentiellement 10 années supplémentaires dans une seconde vie. C’est un actif dormant qui attend d’être monétisé.
La gestion du cycle de vie (GCV) de la batterie devient donc un pilier de votre stratégie post-garantie. Au lieu de budgéter un remplacement coûteux, vous planifiez la réaffectation ou la revente de vos batteries usagées. Cette approche transforme une dépense inévitable en une source de revenus ou d’économies d’énergie.
Étude de cas : Lithion Technologies et l’économie circulaire québécoise
L’entreprise québécoise Lithion Technologies, choisie par Hyundai pour le recyclage de ses batteries VÉ, illustre parfaitement ce potentiel. Leur procédé de pointe à Anjou permet de récupérer jusqu’à 95% des composants. Ces matériaux ne sont pas perdus ; ils sont réintégrés dans une économie circulaire pour fabriquer de nouvelles batteries ou, plus intéressant pour un gestionnaire de flotte, pour alimenter des systèmes de stockage stationnaire. Cela démontre qu’une stratégie de fin de vie bien pensée, en partenariat avec des acteurs locaux, est non seulement viable mais aussi économiquement performante.
Penser en termes de seconde vie vous permet de mieux négocier avec les fournisseurs de batteries reconditionnées et d’intégrer la valeur résiduelle de vos propres batteries dans le calcul du coût total de possession de votre flotte.
Comment certifier votre atelier interne pour toucher aux composantes oranges sans danger de mort ?
La maintenance des VÉ introduit un risque nouveau et mortel dans vos ateliers : la haute tension, symbolisée par les câblages orange. Après la garantie, la tentation de confier les réparations à vos techniciens habituels est grande, mais sans une certification adéquate, vous exposez votre personnel à des dangers d’électrocution et votre entreprise à de lourdes conséquences légales et financières en cas d’accident. L’internalisation de la maintenance passe obligatoirement par la mise en conformité avec les normes de la CNESST.
La certification de votre atelier n’est pas une simple formalité, c’est un investissement stratégique dans l’autonomie et la sécurité de vos opérations. Un personnel formé et certifié peut effectuer des diagnostics et des réparations plus rapidement, réduisant ainsi le temps d’immobilisation des véhicules et la dépendance envers des concessionnaires souvent coûteux et surchargés. La Mutuelle CCAQ, dans une communication sur les priorités de la CNESST, souligne d’ailleurs ce point crucial :
Compte tenu des orientations de la CNESST et de l’avis des experts en SST sur l’importance de ce risque émergent, cette attestation de sécurité devient un incontournable et pourrait devenir obligatoire dans les années à venir.
– Mutuelle CCAQ, Priorité CNESST 2024 – Véhicules électriques
Cette démarche de certification renforce non seulement la sécurité, mais elle peut également avoir un impact positif sur vos primes d’assurance, les assureurs québécois reconnaissant l’importance de ces protocoles de prévention. Pour y parvenir, une feuille de route claire est nécessaire.

L’image ci-dessus illustre la concentration et la précision requises lors de ces formations. La manipulation des outils isolés près des composants à haute tension n’est pas un geste anodin ; c’est une compétence qui se développe et se certifie pour garantir la sécurité de tous. La mise en place d’un programme de formation continue est la pierre angulaire de cette autonomie opérationnelle.
Votre plan d’action pour la certification haute tension au Québec
- Formation Initiale : Inscrire vos techniciens à la formation de 14 heures du Comité paritaire de l’industrie des services automobiles (CPCPA) sur le travail sécuritaire, souvent subventionnée à faible coût.
- Spécialisation : Compléter le programme Compétences VÉ, qui inclut des modules avancés sur les batteries haute tension et les systèmes de diagnostic spécifiques.
- Équipement Conforme : Investir dans du matériel certifié 1000V, incluant gants isolants, outils spécialisés, et équipements de protection individuelle (EPI) adéquats.
- Protocoles Internes : Implanter des procédures de consignation et de sécurité rigoureuses pour tous les travaux sous haute tension, conformément aux exigences de la CNESST.
- Validation Assurance : Obtenir l’attestation reconnue par vos assureurs pour potentiellement ajuster vos primes et officialiser votre démarche de réduction des risques.
L’erreur de ne pas planifier les « updates » OTA (Over-the-Air) qui immobilise vos véhicules le matin
Dans l’univers des VÉ, le logiciel est aussi important que la mécanique. Les mises à jour « Over-the-Air » (OTA) sont essentielles pour améliorer la performance, l’autonomie et la sécurité de vos véhicules. Cependant, une gestion passive de ces mises à jour représente une bombe à retardement pour votre productivité. L’erreur classique est de laisser les véhicules lancer leurs mises à jour automatiquement, ce qui peut les rendre inutilisables pendant plusieurs heures, précisément au moment où vos chauffeurs s’apprêtent à commencer leur journée.
Une mise à jour qui se lance à 6h du matin peut signifier un camion immobilisé jusqu’à 9h, des livraisons retardées et une cascade de problèmes opérationnels. La clé est de reprendre le contrôle en utilisant des outils de gestion de flotte télématique. Ces systèmes permettent de planifier les fenêtres de mise à jour, typiquement entre 2h et 5h du matin, lorsque les véhicules sont branchés au dépôt et inactifs. Vous garantissez ainsi que chaque véhicule est à jour et prêt à rouler à l’heure de la prise de service.
Cette planification doit également tenir compte des réalités géographiques du Québec, où la connectivité n’est pas uniforme. Une stratégie de déploiement doit être adaptée en fonction des zones d’opération de votre flotte.
Le tableau suivant, inspiré des recommandations de Propulsion Québec, illustre comment moduler votre approche OTA pour garantir une efficacité maximale sans perturber vos opérations.
| Zone d’opération | Défi connectivité | Solution recommandée | Fenêtre optimale |
|---|---|---|---|
| Montréal/Québec urbain | Faible – 5G disponible | OTA automatique par vagues | 2h-5h AM |
| Régions intermédiaires | Moyen – LTE variable | Priorisation véhicules non critiques | Retour au terminal |
| Abitibi/Côte-Nord/Gaspésie | Élevé – Zones blanches | Updates manuelles hard-wired au dépôt | Maintenance planifiée |
| Routes mixtes | Variable | Téléchargement préventif + installation différée | Weekend/jours fériés |
Étude de cas : Gestion télématique d’une flotte de Ford E-Transit
Un entrepreneur électricien de la Rive-Sud de Québec, opérant six Ford E-Transit, utilise la plateforme Ford Pro Telematic pour piloter sa flotte. Ce système lui permet de programmer non seulement les mises à jour logicielles durant la nuit mais aussi le préchauffage des cabines et des batteries. Résultat : une autonomie opérationnelle maximale chaque matin et des économies directes sur les coûts d’énergie, tout en évitant le piège de l’immobilisation matinale.
Pièces d’origine ou « aftermarket » : quelle stratégie pour les VÉ hors garantie ?
Lorsque la garantie constructeur prend fin, une décision stratégique s’impose : continuer à utiliser des pièces d’origine (OEM) coûteuses ou se tourner vers le marché des pièces de rechange « aftermarket » ? Pour les VÉ, cette question est particulièrement cruciale en ce qui concerne les composants du groupe motopropulseur et, bien sûr, la batterie. Il n’y a pas de réponse unique ; la bonne stratégie dépend d’un arbitrage rigoureux entre coût, fiabilité et risque.
Le marché des pièces aftermarket pour VÉ, notamment les batteries reconditionnées, est en pleine structuration au Québec. Cette évolution est fortement encouragée par le cadre réglementaire provincial. En effet, depuis 2021, le Québec est le premier État nord-américain à imposer la récupération obligatoire des batteries VÉ, sous le principe de la responsabilité élargie des producteurs. Cette mesure favorise l’émergence d’un écosystème de reconditionnement et de recyclage fiable, offrant des alternatives crédibles aux pièces neuves.
L’avantage principal des pièces aftermarket est bien entendu le coût, avec des économies pouvant atteindre 30 à 40% par rapport à l’OEM. Cependant, cette économie ne doit pas se faire au détriment de la sécurité ou de la performance. Évaluer un fournisseur de pièces reconditionnées pour VÉ requiert une diligence raisonnable plus poussée que pour des pièces mécaniques traditionnelles. La compatibilité logicielle, la traçabilité des cellules de batterie et les garanties offertes sont des critères non négociables.
Pour naviguer dans ce marché émergent et faire des choix éclairés, il est essentiel d’établir une grille d’évaluation rigoureuse pour vos fournisseurs potentiels. Voici les points clés à vérifier avant de vous engager :
- Certifications : Le fournisseur détient-il les certifications CSA et EASA pour les composants électriques à haute tension ?
- Garantie et Traçabilité : Offre-t-il une garantie minimale de 2 ans sur les pièces et peut-il fournir une documentation complète sur l’origine et l’état des composants (notamment pour les cellules de batterie) ?
- Coût Total d’Acquisition : Le coût, incluant l’installation et la programmation, est-il réellement compétitif par rapport à l’OEM ?
- Compatibilité Diagnostique : Les pièces sont-elles reconnues par les systèmes de diagnostic du manufacturier sans générer de codes d’erreur ?
- Impact sur l’Assurance : Votre police d’assurance commerciale couvre-t-elle l’utilisation de ces pièces ? Une confirmation écrite est indispensable.
- Références Locales : Le fournisseur peut-il vous donner des références d’autres flottes québécoises qui utilisent ses produits avec succès ?
L’arbitrage entre OEM et aftermarket n’est donc pas une simple question de prix, mais une décision stratégique qui impacte la fiabilité, la sécurité et l’assurabilité de votre flotte.
Quand laver le dessous de vos VÉ pour protéger les connecteurs contre le calcium et la corrosion ?
L’hiver québécois est un ennemi silencieux mais redoutable pour les véhicules électriques. Si l’absence de système d’échappement élimine une source de rouille, les VÉ présentent une nouvelle vulnérabilité critique : les connecteurs haute tension et les boîtiers de batterie situés sous le châssis. Le sel et le calcium épandus sur nos routes s’accumulent dans ces zones, créant un environnement hautement corrosif qui peut endommager les joints, infiltrer les connexions et causer des pannes coûteuses et dangereuses.
Contrairement à un véhicule thermique, où la corrosion est souvent un problème esthétique ou structurel à long terme, sur un VÉ, elle peut rapidement devenir un problème de sécurité et d’immobilisation. Un connecteur corrodé peut entraîner une perte d’isolation, des codes d’erreur, voire une mise hors service complète du véhicule. La maintenance préventive devient donc essentielle, et elle commence par une pratique simple mais cruciale : le lavage du châssis.
La règle d’or est la fréquence. Il ne suffit pas d’un lavage à la fin de l’hiver. Pour une flotte commerciale qui roule quotidiennement sur des routes traitées, une routine de lavage plus agressive est nécessaire :
- Après chaque épandage majeur : Dès que les routes sont couvertes de sel ou d’abrasifs.
- Pendant les redoux hivernaux : Lorsque la neige fondante et salée est projetée agressivement sous le véhicule. Un lavage à l’eau claire permet de dissoudre et d’éliminer les accumulations de sel avant qu’elles ne sèchent et ne s’incrustent.
Cette inspection visuelle est votre première ligne de défense. L’image suivante montre ce qu’il faut rechercher : des résidus de sel cristallisé et les premiers signes de corrosion près des gaines de câbles orange.

Étude de cas : Le protocole d’entretien hivernal de Service Certifié
Les experts de Service Certifié recommandent un protocole d’entretien préventif rigoureux pour les flottes québécoises. Leur approche va au-delà du simple lavage : ils préconisent un démontage et un nettoyage annuel des panneaux de protection des batteries. Ces panneaux agissent comme des pièges, accumulant une mixture corrosive de sel, de calcium et de saletés. Un programme d’inspection tous les 12 000 km, couvrant 40 points critiques, permet de détecter et de corriger ces problèmes avant qu’ils ne causent une défaillance majeure, protégeant ainsi l’investissement et garantissant la disponibilité des véhicules durant la saison la plus exigeante.
Ignorer l’entretien du châssis en hiver est un pari risqué. Un protocole de lavage et d’inspection régulier est l’une des actions de maintenance les moins coûteuses et les plus rentables que vous puissiez mettre en place pour assurer la longévité de votre flotte électrique.
Pourquoi un camion électrique 2x plus cher à l’achat est-il moins coûteux après 7 ans ?
Le prix d’achat initial d’un camion électrique peut être un frein majeur, représentant souvent le double de son équivalent diesel. Cependant, s’arrêter à ce chiffre est une vision à court terme qui ignore la véritable équation économique : le coût total de possession (TCO). Sur un horizon de 5 à 7 ans, un camion électrique bien géré devient non seulement compétitif, mais souvent moins coûteux que son homologue thermique, même au Québec.
Cette rentabilité s’articule autour de trois piliers financiers majeurs. Le premier, et le plus évident, est le coût de l’énergie. Même avec les fluctuations des prix de l’électricité, « faire le plein » d’un camion électrique coûte significativement moins cher que de remplir un réservoir de diesel. Sur une année, cette économie peut représenter des dizaines de milliers de dollars par véhicule.
Le deuxième pilier est la réduction drastique des coûts de maintenance. Fini les changements d’huile, les remplacements de filtres à particules, les réparations de systèmes d’injection complexes. La maintenance d’un VÉ se concentre sur les pneus, les freins (dont l’usure est réduite par le freinage régénératif) et les systèmes électriques. Cette simplicité se traduit par moins de pièces, moins de main-d’œuvre et, surtout, moins de temps d’immobilisation.
Enfin, le troisième pilier, souvent sous-estimé, est l’accès aux subventions gouvernementales. Au Québec, des programmes comme Écocamionnage peuvent réduire considérablement le surcoût initial à l’achat. Selon le projet Flotte Rechargeable de l’Institut du Véhicule Innovant, en tenant compte de ces aides, le retour sur investissement pour un camion électrique lourd se situe entre 2,5 et 7 ans, malgré un surcoût moyen de 75 000 $ après subventions. Cette analyse démontre que l’investissement initial est amorti bien avant la fin de la durée de vie utile du camion.
Le calcul du TCO démontre que le prix d’achat n’est que la pointe de l’iceberg. Une analyse financière rigoureuse, intégrant les économies d’énergie, la réduction de la maintenance et les subventions disponibles, révèle la supériorité économique du camion électrique sur le moyen et long terme.
Quand former vos chauffeurs à l’écoconduite pour réduire la facture de carburant de 10% ?
La performance d’un véhicule électrique ne dépend pas seulement de sa technologie, mais aussi de la personne qui le conduit. Former vos chauffeurs à l’écoconduite spécifique aux VÉ est l’un des leviers les plus rapides et les plus rentables pour optimiser l’autonomie et réduire les coûts énergétiques, avec des gains potentiels de plus de 10%. La formation ne doit pas être un événement ponctuel, mais un processus continu, particulièrement avant et pendant la saison hivernale.
L’écoconduite pour VÉ est différente de celle des véhicules thermiques. L’objectif n’est plus d’éviter les accélérations brusques, mais de maximiser le freinage régénératif. Chaque décélération devient une opportunité de recharger la batterie. Un chauffeur bien formé apprend à anticiper le trafic pour utiliser la régénération plutôt que les freins mécaniques, ce qui peut récupérer jusqu’à 30% d’énergie sur un trajet urbain. Comme le souligne l’Institut du Véhicule Innovant :
L’adaptation des principes de l’écoconduite à la réalité des VÉ met l’accent sur la maximisation du freinage régénératif et l’utilisation optimale du préconditionnement lorsque le véhicule est branché.
– Institut du Véhicule Innovant, Guide pour l’électrification des flottes commerciales
Le timing de la formation est crucial. Une session de rappel juste avant l’hiver est essentielle pour préparer les chauffeurs à la gestion de l’autonomie par temps froid. Les techniques de préconditionnement du véhicule (chauffage de la cabine et de la batterie pendant qu’il est encore branché) et l’utilisation judicieuse du chauffage sont des compétences clés pour affronter nos hivers sans sacrifier la performance.
Un programme de formation efficace, adapté à la réalité québécoise, devrait inclure plusieurs modules clés, allant de la théorie à la pratique, et être soutenu par un suivi télématique pour mesurer les progrès :
- Module 1 : Maîtrise du Freinage Régénératif : Ateliers pratiques en conditions réelles (ville, autoroute) pour développer l’art de l’anticipation et de la décélération contrôlée.
- Module 2 : Stratégies Hivernales : Formation sur la gestion de l’autonomie par -30°C, en se concentrant sur le préconditionnement branché et l’optimisation du chauffage de la cabine.
- Module 3 : Analyse Télématique et Coaching : Utiliser les données de la flotte pour identifier les chauffeurs ayant le plus grand potentiel d’amélioration et leur offrir un coaching personnalisé.
- Module 4 : Gamification et Incitatifs : Mettre en place un classement mensuel des « éco-chauffeurs » avec des primes pour encourager l’amélioration continue et une saine compétition.
- Module 5 : Coaching sur Route Glissante : Accompagnement sur le terrain en conditions hivernales pour adapter la vitesse et l’anticipation sur des surfaces à faible adhérence, alliant sécurité et efficacité énergétique.
Investir dans la formation de vos chauffeurs, c’est investir directement dans la rentabilité de chaque kilomètre parcouru. C’est transformer un coût variable (l’énergie) en un avantage compétitif maîtrisé.
À retenir
- La fin de garantie d’un VÉ n’est pas une fin, mais le début d’une gestion d’actifs stratégique, où la batterie devient une source de revenus potentielle.
- L’autonomie opérationnelle de votre flotte dépend de trois piliers : la compétence certifiée de vos techniciens, la planification rigoureuse des mises à jour logicielles et une lutte proactive contre la corrosion hivernale.
- La rentabilité ne se mesure pas seulement en économies de carburant, mais aussi par la formation continue des chauffeurs et l’exploitation de nouvelles sources de revenus comme le V2G.
Électrification des transports : comment rentabiliser votre flotte commerciale au Québec en 5 ans ?
Rentabiliser une flotte commerciale électrique au Québec en cinq ans est un objectif ambitieux mais réaliste, à condition de dépasser la simple équation du coût d’achat et des économies de carburant. La réussite repose sur une stratégie intégrée qui orchestre tous les éléments que nous avons abordés : la gestion du cycle de vie des actifs, la maîtrise des risques opérationnels et l’optimisation des performances humaines et technologiques.
L’approche la plus efficace, comme le confirment les expériences de plusieurs transporteurs québécois, est celle de l’électrification progressive et ciblée. Il n’est pas question de remplacer toute votre flotte du jour au lendemain. L’analyse des données est la première étape : identifiez les routes les plus propices à l’électrification. Ce sont généralement les trajets de moins de 200 km par jour, en milieu urbain avec des vitesses modérées, et transportant des charges raisonnables.
Étude de cas : La stratégie progressive de 5 transporteurs québécois
En 2024, des entreprises comme Inter-Nord, Cascades et Smart Transport ont démontré la viabilité de cette approche. Smart Transport, par exemple, a réussi à maintenir ses opérations hivernales complètes avec un camion Lion6 en adaptant intelligemment ses routes. L’analyse collective de ces pionniers a montré qu’environ un tiers de leurs véhicules analysés pouvaient être électrifiés immédiatement, avec des économies suffisantes pour financer l’expansion future de leur flotte électrique. Cela prouve que commencer petit et intelligemment est la clé du succès.
Au-delà des économies, la rentabilité future réside aussi dans la capacité à générer de nouveaux revenus. Le programme Vehicle-to-Grid (V2G) d’Hydro-Québec en est un exemple parfait. En autorisant Hydro-Québec à puiser dans vos batteries de camions lors des pics de demande, vous contribuez à stabiliser le réseau et êtes rémunéré pour cela. Selon les projets pilotes, cette collaboration peut générer des revenus allant jusqu’à 3 000 $ par année et par camion. Votre flotte ne se contente plus de consommer de l’énergie ; elle devient un acteur actif du réseau énergétique.
En combinant une stratégie d’achat progressive, une gestion proactive de la maintenance post-garantie (batterie, formation, corrosion), une optimisation par l’écoconduite et l’exploitation de revenus innovants comme le V2G, le plan de rentabilisation sur cinq ans devient une feuille de route claire et atteignable.
Pour traduire ces stratégies en un plan d’action concret, l’étape suivante consiste à réaliser un audit de votre flotte actuelle et à modéliser le coût total de possession pour vos routes les plus critiques. C’est en planifiant aujourd’hui que vous assurerez la performance et la rentabilité de votre flotte électrique de demain.