Publié le 10 mai 2024

L’efficacité d’une ville intelligente québécoise ne réside pas dans l’accumulation de données, mais dans l’arbitrage stratégique entre technologies et une gouvernance pragmatique.

  • Les feux adaptatifs et les voies réversibles ne sont pas des solutions magiques, mais des outils d’optimisation dont le succès dépend du contexte local (météo, densité).
  • La collaboration avec les géants du GPS (Google) et l’ouverture contrôlée des données (cadre Loi 25) sont des leviers de performance non négociables.

Recommandation : Prioriser la mise en place d’un cadre de gouvernance des données de mobilité avant tout déploiement technologique à grande échelle pour garantir l’interopérabilité et la conformité.

Chaque jour, les artères de Montréal, Québec ou Gatineau sont le théâtre d’un ballet complexe et souvent chaotique. Pour un gestionnaire de la mobilité ou un data scientist, ce chaos n’est pas une fatalité, mais un problème de données à résoudre. La promesse de la ville intelligente est de transformer ces flux congestionnés en un système nerveux urbain, fluide et réactif. L’imaginaire collectif se focalise souvent sur des technologies spectaculaires comme les voitures autonomes ou les drones de livraison, mais la véritable révolution se joue à un niveau plus fondamental : l’exploitation stratégique des données de trafic.

Les solutions classiques, comme la simple synchronisation horaire des feux ou l’ajout d’infrastructures lourdes, montrent leurs limites. Elles sont statiques face à une réalité dynamique. Le véritable enjeu n’est plus seulement de collecter des données, mais de savoir les interpréter pour orchestrer des arbitrages en temps réel. Il ne s’agit pas de choisir *une* technologie, mais de comprendre comment un écosystème de capteurs, d’intelligence artificielle et de connectivité V2X (Véhicule-à-Tout) peut répondre aux défis spécifiques du Québec, de la gestion d’un événement au Centre Bell à la conduite sécuritaire dans une poudrerie sur l’autoroute 20.

Cet article va au-delà des concepts. Il explore les mécanismes, les dilemmes technologiques et les cadres de gouvernance qui permettent de transformer les données de trafic brutes en une mobilité réellement intelligente. Nous verrons comment les feux adaptatifs surpassent les cycles fixes, comment orchestrer une évacuation de foule sans chaos, quels arbitrages faire pour la préemption des services d’urgence, et pourquoi la collaboration avec les applications GPS est devenue une nécessité stratégique. Enfin, nous aborderons le passage critique à la 5G et la révolution à venir de la connectivité V2X, en posant les bases d’une mobilité non seulement plus fluide, mais surtout plus sûre et résiliente.

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Pour naviguer au cœur de ces enjeux stratégiques, cet article est structuré pour vous guider depuis les applications concrètes jusqu’aux fondements technologiques de la mobilité de demain. Voici les thèmes que nous allons aborder.

Pourquoi les feux adaptatifs réduisent-ils le temps de parcours de 15% comparé aux cycles fixes ?

Les feux de circulation à cycle fixe, programmés sur des moyennes historiques, sont par nature inefficaces car ils ne répondent pas aux fluctuations imprévisibles du trafic. Les feux adaptatifs, eux, fonctionnent comme un système nerveux en temps réel. Grâce à un réseau de capteurs (boucles magnétiques, caméras, radars) et à des algorithmes d’intelligence artificielle, ils analysent les volumes de véhicules et de piétons à chaque instant pour ajuster dynamiquement la durée des feux verts. L’objectif n’est plus de suivre un plan, mais d’optimiser le flux en continu.

Ce chiffre de 15% est une moyenne conservatrice. Des projets québécois démontrent des gains bien plus significatifs. Par exemple, selon les résultats du projet Green Light de Google à Québec, l’ajustement de 11 intersections a permis une réduction potentielle de 30% des arrêts et de 10% des émissions de CO2. De même, la Ville de Kirkland, dans la région de Montréal, a réduit les délais de déplacement de 22 % sur le boulevard Saint-Charles grâce au système NoTraffic. Ce dernier combine les données de la ville avec les tendances de conduite issues d’applications comme Google Maps pour une optimisation encore plus fine.

La clé de cette performance réside dans la capacité du système à anticiper et à dissoudre la formation d’un bouchon avant qu’il ne se solidifie. Au lieu de simplement réagir à une file d’attente, l’IA peut, par exemple, prolonger un feu vert de quelques secondes sur une artère principale si elle détecte une « vague » de véhicules approchant, évitant ainsi un arrêt-démarrage coûteux en temps et en carburant pour des centaines d’usagers. C’est le passage d’une logique de gestion statique à une orchestration dynamique.

En définitive, les feux adaptatifs ne se contentent pas de changer la couleur d’une lumière ; ils prennent des milliers de micro-décisions par jour pour fluidifier le réseau dans son ensemble, démontrant que l’intelligence injectée dans l’infrastructure existante est souvent plus rentable que la construction de nouvelles routes.

Comment évacuer le Centre Bell ou les Plaines d’Abraham en 30 minutes sans chaos ?

La dispersion de 20 000 à 80 000 personnes après un grand événement est un cauchemar logistique. Sans une stratégie coordonnée, les rues adjacentes saturent, les stations de métro débordent et les services de VTC sont paralysés. La solution ne réside pas dans une seule action, mais dans une orchestration multimodale pilotée par un centre de gestion de crise, comme Mobilité Montréal qui coordonne plus de 20 partenaires (STM, REM, BIXI, services d’urgence, etc.). L’objectif est de transformer une foule compacte en une multitude de flux distribués sur tous les réseaux de transport disponibles.

Le plan d’action intelligent repose sur une série d’interventions synchronisées. Dès la fin de l’événement, le centre de gestion active des corridors d’évacuation prioritaires en synchronisant les feux de circulation via l’IA, donnant la priorité aux axes menant aux autoroutes et aux stations de transport en commun. Simultanément, des informations sont diffusées en temps réel aux spectateurs via l’application Québec 511 et les panneaux à messages variables, les orientant vers les options les moins saturées.

Vue aérienne nocturne du Centre Bell avec flux de personnes s'écoulant vers différents modes de transport

Comme l’illustre cette vue, le succès d’une telle opération dépend de la capacité à offrir et à communiquer une diversité d’options. Des navettes supplémentaires de la STM sont déployées vers les stations de métro clés comme Bonaventure ou Lucien-L’Allier, tandis que des zones de prise en charge pour les VTC sont temporairement déplacées pour éviter les goulots d’étranglement. En arrière-plan, l’analyse de données de géolocalisation anonymisées permet d’ajuster dynamiquement les flux piétonniers en modifiant les feux pour piétons ou en déployant des agents sur le terrain pour guider les foules.

Ainsi, évacuer une foule massive en moins de 30 minutes n’est pas un miracle, mais le résultat d’une stratégie data-driven qui remplace le chaos par une chorégraphie logistique, où chaque individu est guidé vers le chemin le plus fluide.

Système optique ou GPS : quelle technologie pour donner le feu vert aux pompiers ?

La préemption des feux de circulation pour les véhicules d’urgence est une fonction critique où chaque seconde compte. Au Québec, le choix technologique se résume souvent à un arbitrage entre les systèmes optiques traditionnels et les solutions modernes basées sur le GPS. Ce n’est pas une question de « meilleure » technologie dans l’absolu, mais de la plus adaptée au contexte urbain et climatique spécifique. L’analyse comparative suivante, basée sur des déploiements et des projets pilotes québécois, met en lumière les forces et faiblesses de chaque approche.

Les données montrent un compromis constant entre fiabilité, performance et coût. Par exemple, le coût d’équipement d’une intersection peut varier considérablement, allant de 1 000 $ à 10 000 $ par intersection selon la technologie et la complexité de l’infrastructure existante, comme l’a montré un projet pilote à Trois-Rivières.

Comparaison des systèmes de préemption d’urgence au Québec
Critère Système Optique Système GPS
Fiabilité en hiver québécois 85% (affecté par poudrerie/brouillard) 95% (indépendant de la météo)
Performance canyon urbain Montréal 95% (ligne de vue directe) 75% (interférences bâtiments)
Coût par intersection 5 000 $ – 8 000 $ 1 000 $ – 10 000 $
Interopérabilité municipale Limitée (équipement spécifique) Élevée (standard provincial possible)

Le tableau révèle un dilemme clair. Les systèmes optiques, qui reposent sur un émetteur infrarouge sur le véhicule d’urgence et un récepteur sur le feu, sont très performants dans les « canyons urbains » denses comme le centre-ville de Montréal, où une ligne de vue directe est garantie. Cependant, leur fiabilité chute drastiquement en cas de poudrerie, de brouillard ou de pluie forte, des conditions fréquentes en hiver au Québec. À l’inverse, les systèmes GPS sont quasi insensibles à la météo mais peuvent perdre en précision dans les zones où les hauts bâtiments bloquent ou réfléchissent les signaux satellite. Le véritable avantage du GPS réside dans son potentiel d’interopérabilité, permettant à un véhicule d’urgence de déclencher les feux dans plusieurs municipalités sans nécessiter d’équipement propriétaire à chaque frontière.

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La décision n’est donc pas binaire. Une stratégie hybride, utilisant le GPS comme système principal et l’optique comme redondance dans les zones urbaines très denses, pourrait représenter la solution la plus résiliente et la plus sûre pour le contexte québécois.

L’erreur de ne pas collaborer avec les apps GPS qui détournent le trafic dans vos rues tranquilles

L’une des plus grandes frustrations pour les gestionnaires de la mobilité est le phénomène du « rat-running », où des applications comme Waze ou Google Maps détournent un flot de trafic d’une artère principale congestionnée vers des rues résidentielles paisibles, créant des nuisances et des risques pour la sécurité. Tenter de combattre ce phénomène avec des interdictions ou des dos d’âne est une bataille perdue d’avance. L’erreur stratégique est de voir ces applications comme des adversaires plutôt que comme de puissants alliés.

La collaboration est non seulement possible, mais mutuellement bénéfique. Les villes possèdent des informations que les apps n’ont pas (travaux prévus, fermetures pour événements, politiques de circulation locales), et les apps possèdent une vision granulaire et en temps réel du trafic que les villes peinent à obtenir. Le projet Green Light de Google, auquel Québec est la première ville au pays à s’être associée, en est un parfait exemple. Dans ce partenariat, l’IA de Google analyse les données de Google Maps et les combine avec l’infrastructure de la ville pour optimiser la synchronisation des feux.

Ce type de partenariat permet à la ville d’influencer indirectement les algorithmes de routage. En partageant des données sur les rues à « protéger », la ville peut faire en sorte que l’algorithme de l’application GPS pénalise légèrement le passage par ces zones, sauf en cas de nécessité absolue. Le résultat est un trafic mieux réparti, qui respecte les schémas de circulation souhaités par les urbanistes. Comme le souligne Laurence Therrien, experte en mobilité, la fluidification du trafic automobile a un effet d’entraînement positif : « Si la circulation automobile est plus fluide, la circulation des autobus l’est aussi. Donc, ça encourage un transport en commun qui est pas mal plus efficace. »

Ignorer ces acteurs revient à piloter avec une carte obsolète. Collaborer avec eux, c’est co-piloter le réseau routier en temps réel, en transformant une source de problèmes en un levier d’optimisation majeur pour la qualité de vie des résidents.

Quand ouvrir vos données de trafic aux développeurs pour créer des solutions de mobilité innovantes ?

La question n’est plus *si* une ville doit ouvrir ses données de mobilité, mais *comment* et *quand* le faire de manière stratégique et sécuritaire. Attendre d’avoir un système parfait est une illusion ; l’innovation naît souvent de l’expérimentation externe. La politique adoptée par la Ville de Montréal est exemplaire à ce titre : depuis 2018, toute donnée collectée par la municipalité est considérée comme ouverte par défaut, sauf pour des raisons de sécurité ou de protection de la vie privée. Cette approche proactive crée un terreau fertile pour les startups, les chercheurs et les citoyens développeurs.

Ouvrir les données ne signifie pas les jeter en pâture sans contrôle. Cela exige un cadre de gouvernance robuste pour garantir la qualité, l’interopérabilité et la conformité légale. Ce cadre est la condition sine qua non pour transformer une masse de données brutes en un écosystème d’innovation. Les startups peuvent alors créer des applications de niche : comparateurs d’itinéraires multimodaux en temps réel, solutions de stationnement intelligent, ou services logistiques du dernier kilomètre optimisés.

Le moment idéal pour ouvrir les données est donc maintenant, à condition de le faire à travers un portail structuré et en respectant un plan d’action clair. Pour un gestionnaire de mobilité au Québec, la mise en place d’un tel cadre est une priorité absolue.

Plan d’action pour un cadre de gouvernance des données de mobilité

  1. Conformité Légale : Établir une politique claire d’anonymisation des données, strictement conforme à la Loi 25 du Québec sur la protection des renseignements personnels, avant toute publication.
  2. Centralisation : Créer ou rejoindre un portail unique, sur le modèle de « Données Québec », pour regrouper et standardiser l’accès aux données de toutes les municipalités et sociétés de transport participantes.
  3. Standardisation : Définir et imposer des formats d’échange reconnus comme le GTFS (General Transit Feed Specification) pour le transport en commun et le GeoJSON pour les données géospatiales.
  4. Transparence : Mettre en place un registre public des jeux de données utilisés par les développeurs et les startups pour suivre l’écosystème et mesurer l’impact de l’ouverture.
  5. Collaboration Académique : Établir des partenariats avec les instituts de recherche québécois de pointe comme IVADO et Mila pour développer des modèles prédictifs et des cas d’usage avancés à partir des données ouvertes.

En fin de compte, les données de trafic d’une ville sont un actif public. Les ouvrir de manière intelligente, ce n’est pas perdre le contrôle ; c’est démultiplier la capacité collective à résoudre les problèmes de mobilité.

Comment les voies réservées dynamiques peuvent-elles augmenter la capacité de 20% aux heures de pointe ?

Une voie de circulation est un actif dispendieux qui est souvent sous-utilisé. Une voie d’autoroute est saturée dans une direction le matin et presque vide dans l’autre, et la situation s’inverse le soir. Les voies réservées dynamiques ou réversibles sont une solution élégante à cette inefficacité. Plutôt que de construire de nouvelles infrastructures coûteuses, elles optimisent l’utilisation de l’existant en adaptant la fonction ou la direction d’une voie en fonction de la demande en temps réel. Le pont Jacques-Cartier à Montréal en est un exemple emblématique, utilisant depuis des décennies une voie centrale réversible pour gérer les flux massifs entre la Rive-Sud et l’île.

L’augmentation de capacité de 20% à 25% provient de cette flexibilité. Une autoroute à quatre voies (deux dans chaque sens) peut se transformer en une configuration 3+1 aux heures de pointe, ajoutant instantanément 50% de capacité dans la direction la plus sollicitée. Appliquée à un réseau, cette logique peut concerner des voies entières ou simplement le type de véhicule autorisé. Une voie normale peut ainsi devenir une voie réservée aux autobus, taxis et covoiturages uniquement pendant les heures de pointe, grâce à une signalisation numérique, augmentant drastiquement le débit de personnes transportées, même si le nombre de véhicules diminue.

Cependant, l’implémentation de telles solutions représente un arbitrage complexe entre le coût, le gain de capacité et l’acceptabilité sociale, un facteur souvent sous-estimé.

Comparaison voies dynamiques vs infrastructures fixes au Québec
Solution Coût d’implémentation Gain de capacité Acceptabilité sociale
Voie réversible physique (type pont Jacques-Cartier) 50-100M$ par km +20-25% Moyenne (nouvelle)
SRB Pie-IX 400M$ total +40% capacité bus Variable

Comme le montre cette comparaison, une voie réversible physique offre un gain de capacité substantiel pour un coût d’investissement élevé, tandis qu’un Service Rapide par Bus (SRB) comme celui du boulevard Pie-IX maximise la capacité du transport en commun, mais peut faire face à une opposition locale si elle est perçue comme retirant de l’espace à l’automobile. La clé du succès d’une voie dynamique est donc autant technologique (système de signalisation fiable, détection d’incidents) que sociale (communication claire, prévisibilité pour les usagers).

Les voies dynamiques ne sont pas une simple astuce de gestion de trafic, mais une philosophie : considérer l’infrastructure routière non comme un élément figé, mais comme une ressource flexible à allouer intelligemment.

Pourquoi la latence de la 4G est-elle dangereuse pour les futurs véhicules autonomes ?

La latence, soit le délai entre l’envoi et la réception d’une information, est un concept abstrait qui devient une question de vie ou de mort dans le monde des véhicules autonomes et connectés. La différence fondamentale entre la 4G et la 5G ne réside pas tant dans la vitesse de téléchargement que dans ce temps de réaction. Pour un véhicule autonome, une latence élevée équivaut à conduire avec un temps de réflexe dangereusement long, rendant impossible toute communication fiable et instantanée avec les autres véhicules (V2V) ou l’infrastructure (V2I).

La différence est vertigineuse : on parle d’une latence de 100 millisecondes en 4G contre potentiellement 1 milliseconde en 5G. Pour un véhicule roulant à 100 km/h, 100 ms représentent près de 3 mètres parcourus « en aveugle » avant même de pouvoir traiter une information critique. Cette distance peut être la différence entre un freinage d’urgence réussi et une collision inévitable. Cette criticité est exacerbée dans les conditions hivernales québécoises, où la visibilité est souvent réduite et les distances de freinage sont allongées.

Autoroute enneigée québécoise avec véhicules dans la poudrerie et visibilité réduite

Imaginez un carambolage dans la poudrerie sur l’autoroute 20. Avec la 5G, le premier véhicule qui freine peut instantanément notifier tous les véhicules qui le suivent, leur permettant de ralentir avant même que l’obstacle soit visible. Avec la 4G, ce message d’alerte arriverait trop tard, chaque véhicule ne pouvant compter que sur ses propres capteurs, déjà mis à rude épreuve par la neige et la glace. La faible latence de la 5G est donc le véritable catalyseur de la sécurité coopérative.

Le Québec ne reste pas passif face à cet enjeu. Des initiatives comme la zone d’innovation de Bromont, soutenue à hauteur de près de 10 M$, visent justement à développer et tester ces technologies de transport intelligent en conditions réelles. Ces projets incluent des arrêts de bus connectés et des systèmes d’analyse de données pour préparer l’écosystème à cette nouvelle ère de communication instantanée.

En conclusion, la 4G a connecté les gens, mais seule la 5G pourra connecter les véhicules de manière suffisamment fiable pour révolutionner la sécurité routière. Pour un véhicule autonome, la latence n’est pas un inconvénient, c’est un point de rupture systémique.

À retenir

  • L’intelligence artificielle n’est pas une fin en soi, mais un puissant outil d’optimisation pour les infrastructures existantes, capable de générer des gains d’efficacité supérieurs à de nouveaux projets de construction.
  • La collaboration est non négociable : que ce soit entre municipalités, avec les acteurs privés du GPS ou les instituts de recherche, l’avenir de la mobilité se construira en écosystème.
  • La gouvernance des données est le socle de la confiance. Le respect de la Loi 25 et la standardisation des formats (GTFS) sont les fondations d’une ville intelligente éthique et fonctionnelle.

Comment la connectivité V2X (Véhicule-à-Tout) va-t-elle transformer la sécurité routière ?

La connectivité V2X (Vehicle-to-Everything) est le paradigme qui englobe toutes les formes de communication d’un véhicule avec son environnement : V2V (Vehicle-to-Vehicle), V2I (Vehicle-to-Infrastructure), V2P (Vehicle-to-Pedestrian) et V2N (Vehicle-to-Network). C’est le passage d’une conduite basée sur la perception individuelle (ce que le conducteur ou les capteurs de la voiture voient) à une conduite basée sur la conscience collective (ce que l’ensemble de l’écosystème sait). Cette transformation va radicalement redéfinir la notion de sécurité routière.

Plutôt que de simplement réagir à un danger visible, les véhicules pourront anticiper les risques grâce aux informations partagées. Un véhicule freinant brusquement après un virage envoie un signal V2V à ceux qui le suivent. Un feu de circulation (V2I) notifie les voitures de l’arrivée imminente d’une ambulance, leur indiquant de se ranger avant même d’entendre la sirène. Le téléphone d’un piéton (V2P) qui s’apprête à traverser envoie une alerte à une voiture approchant d’un angle mort. C’est une sécurité prédictive, et non plus seulement réactive. Comme le visionne Félix Laroche, PDG de Jakarto, « Dans le futur, les véhicules communiqueront directement avec le citoyen via son téléphone mobile par un réseau plus connecté et intelligent ».

Cette vision futuriste soulève des questions pragmatiques, notamment au Québec, sur la responsabilité, la protection des données et les priorités de déploiement. Le cadre légal et éthique doit évoluer au même rythme que la technologie pour que cette transformation soit un succès. Les applications prioritaires pour le contexte québécois, par exemple, se concentrent logiquement sur la sécurité hivernale : des systèmes V2I qui détectent les plaques de glace noire via des capteurs de chaussée et alertent les véhicules, ou des communications V2V entre les véhicules de déneigement pour optimiser leurs formations et interventions.

Pour que cette vision devienne réalité, il est crucial de maîtriser les fondements technologiques, comme nous venons de le voir dans cette introduction au V2X.

Pour passer de la théorie à la pratique, l’étape suivante consiste à évaluer ces cadres technologiques et de gouvernance à l’échelle de votre propre périmètre opérationnel, en commençant par les cas d’usage qui offrent le plus grand gain de sécurité pour vos citoyens.

Questions fréquentes sur la mobilité intelligente et les données de trafic

Comment la Loi 25 du Québec s’applique-t-elle aux données V2X ?

Toute collecte de données de trajets, vitesses ou comportements de conduite doit obtenir le consentement explicite des conducteurs et garantir l’anonymisation complète des données personnelles selon les exigences de la Commission d’accès à l’information.

Qui est responsable en cas d’accident impliquant le V2X ?

La responsabilité reste complexe et non résolue : elle pourrait impliquer le constructeur automobile, l’opérateur télécom, la municipalité gestionnaire de l’infrastructure, le MTQ ou l’assureur selon la nature de la défaillance.

Quelles applications V2X sont prioritaires pour le Québec ?

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Les systèmes V2I pour détecter les plaques de glace noire via capteurs de chaussée et les communications V2V entre véhicules de déneigement pour optimiser leurs formations sont considérés comme prioritaires pour la sécurité hivernale.

Rédigé par Amir Khadra, Consultant en innovation logistique et électrification des transports. Ingénieur de formation, il accompagne les entreprises dans la transition énergétique de leur flotte et l'intégration de l'IA en entrepôt.